La tâche n'était finalement pas si simple pour De Bethune. La DB25LT n'est pas de prime abord une montre très surprenante car elle combine deux complications parfaitement maîtrisées par Denis Flageollet, le Tourbillon 30 secondes 5hz et l'indication des phases de lune sphérique. L'enjeu consistait donc à proposer suffisamment de surprises pour que la pièce conservât le caractère étonnant et excitant inhérent à chaque montre de la Manufacture de l'Auberson et pour qu'elle allât au-delà de ce pur regroupement de complications plus ou moins attendu.
Pour ce faire, l'équipe a procédé à un travail esthétique abouti afin de créer de nombreux contrastes et oppositions de style qui finissent par définir la personnalité propre de la DB25LT. C'est là toute la réussite de cette montre: composée d'éléments techniques ou esthétiques connus, elle se distingue cependant nettement de ses devancières.
A vrai dire, cette montre possède un charme incomparable. Je pourrais revenir longuement sur les brevets qu'elle contient, sur l'intérêt de la représentation sphérique de la lune, sur les vertus du Tourbillon dont la cage effectue 2 rotations par minute avec un mouvement cadencé à 5hz. J'ai certes déjà eu l'occasion de le faire lors de la description de modèles antérieurs. Mais la vrai raison qui me retient de détailler ces performances et qu'une fois de plus avec De Bethune, la technique horlogère, pourtant impressionnante et innovante, se met au service de l'émotion.
Deux montres me vinrent à l'esprit lorsque j'ai découvert pour la première fois la DB25LT. La DB25L tout d'abord avec son organisation de cadran qui fait la part belle à l'affichage des phases de lune positionné au sommet du cadran comme pour rappeler qu'il constitue une complication majeure. La DB25T ensuite par le spectacle proposé par le mouvement et le Tourbillon.
La DB25L à gauche, la DB25LT à droite:
D'où vient alors l'atmosphère particulière de la DB25LT?
Elle vient en premier lieu d'un spectaculaire jeu de couleurs. Je parlais précédemment de contrastes et d'oppositions. Le cadran guilloché en or rose se distingue ainsi nettement de la couleur neutre du boîtier en platine tout en arrivant à mettre ce dernier en valeur. Les motifs décoratifs habituels de De Bethune (le guillochage de la partie centrale du cadran, le support bombé des index, la subtilité du relief des chiffres grâce aux différentes couches de peinture, le cerclage de la zone dédiée à l'affichage des phases de lune) se découvrent sous un nouveau jour grâce à la chaleur et le piment de l'or rose. L'ensemble aurait pu être indigeste. Le dosage est heureusement parfait car les différentes techniques décoratives du cadran empêchent de donner un aspect trop "doré". La couleur neutre du boîtier et le bleu dominant des aiguilles et de la zone de la lune sphérique réduisent également la domination de l'or rose. Ces contrastes entre le rose, le bleu et le gris neutre, ces jeux d'effets d'ombre et de lumière font du cadran de la DB25LT une véritable scène de théâtre où la dynamique des couleurs remplace la trotteuse pour animer le cadran. Même si seulement deux aiguilles le survolent, je n'ai à aucun moment trouvé le cadran inerte puisque son rendu change en fonction de la lumière.
Côté face, la montre dégage un sentiment de plénitude, de quiétude qui magnifie la beauté du cadran. Les sensations sont radicalement opposées côté mouvement. C'est au contraire un spectacle énergique qui nous est proposé.
La DB25LT se différencie de la DB25T car le système de seconde morte n'est pas utilisé ici. De fait, la vision conjointe du Tourbillon et du mécanisme de la trotteuse n'existe pas avec la DB25LT. Le Tourbillon se retrouve donc seul pour capter notre regard et l'attirer, l'aspirer dans une sorte de puits qu'un léger et fin pont survole. Le parcours de l'aiguille qui effectue la rotation en 30 secondes accentue un peu cette perception de vitesse mais je dois avouer que j'aurais presque préféré le Tourbillon sans pour profiter de la meilleure vue de la cage et du balancier en silicium et en or gris. Pour le reste, je retrouve l'architecture traditionnelle des mouvements à remontage manuel de De Bethune avec les deux barillets clairement visible et une finition à la fois discrète, irréprochable et très contemporaine. La légèreté de la cage du Tourbillon permet d'atteindre une réserve de marche de 4 jours malgré la vitesse de rotation élevée et la haute fréquence du mouvement.
Je retrouve ici un autre contraste présent au sein de la DB25LT. Le cadran joue sur des éléments classiques, le mouvement propose une approche très actuelle, quasiment futuriste. Et une fois de plus, ce contraste, traité à la méthode De Bethune, conduit à un résultat séduisant. Les styles qui s'opposent finissent toujours par s'accommoder pour que la montre, au final, s'enrichisse de leurs différences.
Je pense qu'il est inutile d'insister sur le plaisir provoqué par la DB25LT lorsqu'elle est mise au poignet. Si la DB25L vous a convaincu par le passé, vous serez littéralement envoûté par la DB25LT. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce pouvoir d'attraction.
La première est le maintien des proportions habituelles de De Bethune: le boîtier de 44mm possède la taille idéale pour une telle mise en scène. La montre est certes grande mais les cornes courtes permettent de bien la positionner sur le poignet. Les diverses subtilités du cadran se distinguent mieux avec cette taille qui contribue aussi au style élancé.
La deuxième est comme décrit précédemment le jeu de couleurs provoqué par l'or rose, les parties bleues et le boîtier en platine. Très vite, j'ai eu envie d'incliner mon poignet pour observer le résultat de l'angle d'impact de la lumière sur la cadran: c'est un vrai festival pour les yeux, surprenant tout en évitant de tomber dans l'excès.
Enfin, le dernier élément est celui qui donne au propriétaire de la montre le sentiment de posséder une pièce d'exception. Seul lui sait qu'il porte une montre avec un Tourbillon qui est de plus loin d'être standard car combinant haute vitesse de rotation et fréquence élevée. De Bethune est allé totalement au bout de la logique en supprimant toute référence au Tourbillon côté cadran alors que certaines marques, qui pourtant cachent le Tourbillon, ne peuvent s'empêcher d'indiquer sa présence soit par un mot, soit par un numéro de série... si on veut vraiment cacher le Tourbillon, on le cache totalement! Merci à De Bethune d'avoir résisté à cette tentation.
Mais au final, comme souvent avec De Bethune, c'est le charme, l'élégance, le style de la DB25LT qui demeurent et toutes les autres considérations tombent. Qu'importe après tout comment De Bethune est arrivé à un tel résultat... seule compte l'émotion et c'est cette émotion qui rend la DB25LT unique.
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